• L'évolution de l'imprimerie et techniques modernes

    Trois siècles après l’invention de Gutenberg, l’imprimerie n’avait pas connu d’améliorations techniques majeures. Par contre, la production des livres avait augmenté sans cesse. Sa progression avait doublé d’un siècle à l’autre et aux environs de 1880, elle avait quintuplé. En 1900, on comptait plus de 8 millions d’éditions. En France, sous la IIIème République, on publiait plus de 10 000 titres par an. Le livre était devenu un produit de grande consommation, un produit industriel...

    L'évolution de l'imprimerie et les techniques modernes

    C’est à partir de 1820 que l’on acheva la mise-au-point de la mécanisation des presses, les tirages étaient devenus plus réguliers et surtout beaucoup plus rapides qu’avec l’ancienne presse à bras.

     

     LES MACHINES A COMPOSER

     

    C’est autour de 1880 que des innovations majeures allaient bouleverser le monde de l’imprimerie. Depuis Gutenberg, les typographes devaient composer les textes entièrement à la main, caractère par caractère. Ottmar Mergenthaler, horloger suisse, mit au point la première composeuse mécanique, la linotype, en 1885 et Tolbert Lanston la monotype en 1889.

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    La linotype permet au compositeur de frapper directement ses textes sur les touches d’un clavier, elle commande alors la fonte des caractères et leur alignement. En frappant une touche, le claviste libère d’un magasin des matrices de cuivre qui sont assemblées pour former une ligne justifiée. Une fondeuse injecte alors du plomb ligne par ligne dans les matrices creuses qui reviennent ensuite à leur place. Après usage les lignes de plomb étaient fondues en lingot appelés « saumon » pour réalimenter à nouveau la linotype.

    Cette technique constitue un progrès évident, finie l’usure des polices, on a constamment des caractères neufs et les lignes sont justifiées automatiquement. L’inconvénient de ce procédé est la correction des fautes qui nécessite la recomposition de la ligne entière. Ce fut le système le plus utilisé pour la composition des journaux jusqu’en 1965. La monotype, quand à elle, permettait la production mécanique de caractères mobiles mais ne connut pas beaucoup de succès.

     

    LA PHOTOGRAVURE

    L’invention de la photographie (Niepce, 1826) allait avoir des répercutions de premier plan pour la technique de l’imprimerie. Eugène Grasset et Charles Gillot s’associèrent pour mettre au point un nouveau procédé d’illustration. Ce dernier avait hérité de son père du brevet d’invention d’un procédé chimique, le « gillotage », qui permettait de transformer une image plane en image en relief sur une plaque de zinc. Il devenait alors possible d’imprimer cette image sur une presse en même temps que le texte. Gillot avait adapté cette technique à la photographie et fondé en 1876, le premier atelier français de photogravure.

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    Les dessins au trait pouvaient être reproduits mais aussi les couleurs, par superposition de plaques encrées de manières différentes. Cette invention fit complètement disparaître la gravure d’exécution. Le premier livre imprimé grâce à la photogravure en plusieurs couleurs fut en 1883, l’Histoire des quatre fils Aymon. On publia entre 1870 et 1900 une centaine de livres illustrés.

     

    LA PHOTOCOMPOSITION

    La première machine à composer photographique a été conçue par deux ingénieurs français, Higonnet et Moyroud, et est présentée aux États-Unis en 1949.

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    L’opérateur frappe le texte à partir du clavier en définissant la police, le corps, le style et la justification. Une calculatrice, calcule automatiquement l’espace entre les mots pour chaque ligne et ces données sont transmises à un disque portant les matrices (caractères en négatif) et tournant entre une caméra et un flash. Chaque caractère est ainsi photographié sur une surface sensible à partir de laquelle sont tirées les plaques offset.

    La qualité est encore améliorée et les problèmes générés par la composition au plomb font désormais partie du passé. La photocomposition évoluera jusque dans les années 80 au fil de plusieurs générations. L’arrivée de l’ordinateur sonnera la fin des photocomposeuses.

     

    LES TECHNIQUES MODERNES

    Entre l’épode de Gutenberg et le XXème siècle, les technique typographiques n’évoluent que très peu. L’innovation technique sont des modifications de détail, ayant pou but d’optimiser l’efficacité et le rendement de la production. La grande révolution du XXème siècle est l’avènement de l’impression offset, une évolution de la lithographie (technique d’impression qui s’opère à l’aide d’une pierre poreuse utilisant le caractère aquaphobe de la graisse.

     

    L’OFFSET

    Deux idées simples sont à la base de cette technique la plus couramment utilisé : imprimer sur une surface plane et utiliser l’antagonisme entre l’eau et l’huile, deux éléments qui ne se mélangent pas.

    La surface d’impression est rendue sensible à l’encre (l’encre est un corps gras) et non à l’eau. Cette technique diffère de l’héliogravure, qui utilise des formes en creux et de la flexographie, qui utilise des éléments en relief.

    Pour imprimer des pages en couleurs, la presse offset est composée de plusieurs groupes d’impression, un pour chaque couleur utilisée. Pour un document quadri-chromique par exemple, les quatre groupes de la presse correspondront au cyan, magenta, jaune et noir. Le papier passera successivement dans chaque groupe. Si la presse compte deux groupes, deux encres seront imprimées en un seul passage. La presse sera arrêtée, de nouvelles couleurs utilisées et le papier passera à nouveau dans la presse.

     

    LE PROCÉDÉ DE L’OFFSET

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    1- Les plaques

    Grâce à un procédé photographique, l’imprimeur expose l’image de la séparation sur film sur une plaque de métal, puis la développe. La zone d’image positive qui peut être lue est recouverte d’une substance chimique qui a la propriété d’attirer l’encre et de repousser l’eau. La zone restante attire l’eau mais pas l’encre.

     

    2- Le mouillage

    La plaque est montée sur un cylindre rotatif. Lorsque la presse est mise en fonction, la plaque entre d’abord en contact avec les rouleaux mouilleurs. Le dernier rouleau mouilleur humidifie l’ensemble de la plaque, sauf bien sûr, aux emplacements traités pour repousser l’eau.

     

    3- L’encrage

    Le rouleau encreur applique une encre (à base d’huile) sur la plaque. L’encre épaisse et grasse, est répartie en une couche fine et régulière à l’aide d’une série de rouleaux animés d’un mouvement de va-et-vient. Le dernier rouleau encreur entre en contact avec la plaque mouillée et applique régulièrement l’encre sur la zone d’image imperméable à l’eau.

     

    4- L’offset

    Le tout dernier cylindre appelé le blanchet est recouvert d’une surface caoutchoutée. L’image encrée se décalque en inversée sur le blanchet. Ce cylindre est relativement flexible et cède légèrement sous la pression, de façon à assurer un transfert en douceur de l’image sur un papier lisse ou granuleux.

     

    5- L’impression

    C’est la dernière étape, le papier en feuilles ou en bobine passe entre le blanchet et le cylindre d’impression. Le blanchet imprime alors l’image inversée sur le papier en produisant une image positive.

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    L’HELIOGRAVURE

    L'héliogravure ou rotogravure est un procédé d'impression particulièrement adapté aux très longs tirages (à partir de 35 000 exemplaires) où une haute qualité de reproduction est exigée. L'héliogravure est aussi un procédé ancien et de très haute qualité et rareté pour les tirages photographiques d'art (procédé appelé aussi « héliogravure au grain »).

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    Le cylindre étant très résistant, une fois gravé il est chromé et ne s'use pratiquement pas.

    Le procédé permet d'imprimer sur divers supports : papier, carton, polymères, emballages souples, papiers décoratifs, tapisseries... Les utilisations sont variées : timbre-poste, publication de catalogues, de tickets, d'emballage...

    L'héliogravure est également reconnue pour sa grande qualité de couleur due à sa trame d'un minimum de 175 (lignes par pouce).

     

    LE PROCEDE DE L’HELIOGRAVURE

    L'héliogravure est un procédé d'impression en creux (alvéoles) par lequel l'encre est transférée directement depuis le cylindre métallique (cuivre) gravé vers le support. Le cylindre est gravé mécaniquement, à l'aide d'un diamant ou au laser. La taille et/ou la profondeur des creux (alvéoles) va déterminer une trame plus ou moins dense et donc une intensité de couleur plus ou moins importante.

    L'encre doit être très liquide, afin de pouvoir rentrer dans les creux du cylindre.

     

    PROBLEMATIQUES DE PRODUCTION

    Le procédé d'impression par héliogravure mobilise des cylindres qui peuvent être encombrants (L 4 200 mm x D 320 mm) et assez lourds (> 450 kg). La question de l'intégration de la manipulation et du stockage des articles est donc fondamentale : un cylindre ne peut pas être posé sur le sol, cela endommagerait sa surface gravée.

    Pour aller plus loin : Télécharger « procédé Heliogravure.pdf »

     

    LA FLEXOGRAPHIE

    La flexographie est un procédé d’impression qui utilise une forme imprimante souple en relief : le cliché. Très présente dans le domaine de l’emballage (notamment alimentaire), la flexographie est utilisée pour l’impression de support aussi variés que le film polyéthylène, le papier, le carton ondulé et le carton plat.

    L'évolution de l'imprimerie et les techniques modernes

    Longtemps, les clichés étaient composés de caoutchouc, avant l’apparition des plaques photopolymères dans les années 70.

    La flexographie permet d’utiliser des encres à séchage ultra rapide ou par ultra-violets.

    Comme la typographie ou l’offset sec, la flexographie est basée sur une forme imprimante en relief, à la seule différence que celle-ci est souple.

     

    LA SERIGRAPHIE

    La sérigraphie (du latin sericum la soie et du grec graphein l’écriture) est une technique d’imprimerie qui utilise des pochoirs (à l'origine, des écrans de soie) interposés entre l’encre et le support. Les supports utilisés peuvent être variés et pas nécessairement plans (papier, carton, textile, métal, verre, bois, etc.).

    Une partie de l’écran est masquée (par utilisation d’un procédé photographique) et l’encre ne traverse que les parties nues de l’écran de soie qui s’interpose entre le support et l’encre.

    Cet écran perméable consiste en un tamis à mailles fines tendu rigidement sur un cadre. Une raclette pousse l’encre jusqu’au support papier à imprimer. Les zones de l’écran non recouvertes apparaissent en couleur sur le papier et constituent ainsi l’image.

    Elle fut utilisée entre autres par les japonais pour imprimer les blasons sur les kimonos.

     

     Sérigraphie manuelle

     

    Cette technique présente l’avantage de pouvoir s’appliquer à des supports variés et pas nécessairement plat (bouteille, boite, textiles, machines, bois…) et sur de grandes surfaces. Elle est intéressante économiquement même pour de courts tirages (mais l’impression numérique hausse le seuil de rentabilité).

     

     Sérigraphie automatisée

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  • Commentaires

    2
    Jeudi 19 Mai 2016 à 12:41

    Merci beaucoup

    1
    Mardi 28 Juillet 2015 à 15:01

    Waouh, un article qui décrit l'histoire de l'évolution de l'imprimerie, c'est génial. Je n'ai pas encore lue l'article en entier, mais dès que j'aurais le temps je le ferais. En tout cas merci pour ce partage.

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