• Les signes comportementaux : Kinésique et proxémique

    L’étude du comportement s’inspire de la kinésique (R. Birdwhistell, 1960, étude de la gestualité communicative : posture, regard, mimiques…) et de la proxémique (E.T. Hall, fin des années 1970, étude de l’usage culturel de l’espace dans la communication). On y ajoutera les notions de code vestimentaire et de présentation de soit.

    Les signes comportementaux

     Kinésique et proxémique

      

    La communication non verbale : silences, gestes, postures, expressions faciales, ton de la voix, rythme de l’élocution, vêtements… complètent le message auditif. Elle exprime les émotions, les sentiments, les valeurs. Cette communication renforce et crédibilise le message verbal lorsqu’elle est adaptée, mais peut décrédibiliser ce même message si elle est inadaptée.

     

    L’étude des signes non verbaux, leurs limites

    L’importance du non-verbal dans la communication

    On envoie et on reçoit en permanence des signes non verbaux qui transitent par des expressions du visage, des gestes et postures, le ton de notre voix, l'habillement, la coiffure, le maquillage, l’odeur, les silences, le toucher.

    Selon A. Mehrabian, la communication entre deux personnes passe à55% par les éléments non verbaux, et seulement à 7% par les mots.

    Le langage non verbal permet la communication entre personnes de langues différentes : le rire et l’expression de la douleur sont les expressions non verbales les plus universelles. Mais ces signaux ne sont pas universels et ils doivent être interprétés en fonction du contexte. La signification d’un geste dépend de la situation, de l'émetteur, du récepteur, de la culture, de la religion.

    Exemple : les vêtements blancs ou noirs pour le deuil, selon la pratique religieuse dans différents pays.

    Lors d’un entretien d'embauche, d’un entretien commercial ou d’une discussion entre ami(e)s ce n'est pas seulement ce que vous racontez qui est important. C’est également la manière de le dire qui déterminera la suite des événements. Pour bien contrôler sa communication interpersonnelle, il est donc essentiel de comprendre notre communication non verbale.

    Les éléments proxémiques et kinésiques sont constitutif de la relation qui se créé entre deux acteurs de la communication : ils favorisent ou découragent le contact, ils influent sur le contenu plus ou moins intime ou familier de la conversation, ils apportent des indices sur la distance prise par l’émetteur par rapport à son message.

    Un sourire ou un air grave peut implicitement signifier : « Je plaisante » ou « Je ne plaisant pas », « je ne peux pas vous en dire plus, mais on se comprend »…

     

    Les limites de l’interprétation des signes

    Les signes constituant les codes kinésiques et proxémique sont plus souvent des indices. Le signifié qu’ils transmettent est la pluparts du temps involontaire. Le décodage de ces indices se fait dans la majorité des cas de manière inconsciente.

    Tous ces codes sont parfaitement liés aux pratiques culturelles et aux valeurs qui leur sont associé. La montée de l’individualisme, l’accélération des changements des modes fait que ces codes évoluent de plus en plus rapidement, créant souvent des incompréhensions entre les générations et des difficultés d’interprétation.

     

    Notion de kinésique

    Le kinésique (du grec kinésis "mouvement") est la partie de la sémiologie qui étudie les gestes utilisés comme signes de communication en eux-mêmes ou en accompagnement du langage parlé. Le terme mimique quant à lui, recouvre le langage par gestes et attitude du visage

     

    Les spécificités du code kinésique

    Les gestes sont des signes qui entrainent des différences globales avec les signes linguistiques :

    • Leur production échappe très souvent à la conscience et à la volonté,
    • S’ils sont conscients et volontaire, ils sont alors pour la plupart motivés (non arbitraire),
    • Ils sont extrêmement polysémiques (qui a plusieurs sens) et leur interprétation dépend étroitement du contexte dans lequel ils sont produits,
    • Ils sont souvent idiosyncrasique, c'est-à-dire particuliers à celui qui le produit,
    • Leur signification varie selon les cultures.

     

    Les catégories

    a.      Les gestes indépendants de la communication verbale

    Les différentes postures et mimique peuvent traduire sans même être produites dans l’objectifs de communiquer, l’intérêt, la curiosité, l’ouverture, la confiance, les fiertés, l’orgueil, la surprise, la joie… ou le mépris, le repli, la timidité, la frustration, la prostration, la peur, le scandale, la tristesse… La plupart de ces gestes sont universels, leur connaissance est innée ou acquise dès le plus jeune âge. Certains gestes de manipulation d’objets, d’auto-manipulation, trahissent la nervosité, l’ennui, l’agacement et peuvent avoir une fonction calmante.

     

    b.      La gestuelle co-verbale

    Elle accompagne la communication verbale et se classe en différente catégories :

    • Les gestes déictiques servent à montrer le référent en le pointant du doigt,
    • Les gestes illustratifs : le locuteur « allie les geste à la parole »,
    • Les gestes intonatifs appuient l’importance de certains propos (gestes bâton, martèlement de la main…),
    • Les gestes quasi-linguistiques ou emblème qui remplacent la parole,
    • Les mimiques faciales s’ajoutent à toutes les catégories.

    Certains signes gestuels contradictoires peuvent être émis en même temps, comme un sourire mêlé à des larmes. Ils révèlent ainsi une dissonance cognitive, c'est-à-dire un conflit interne dans les sentiments et représentation de l’individu.

     

    Les fonctions de la gestuelle

    Le code kinésique remplis à peu près les mêmes fonctions que le langage verbal, auquel il peut être associé. Il peut avoir :

    •  Une fonction référentielle qui vise à miner ce que l’in exprime ou à le désigner (on parle alors de fonction déictique),
    •  Une fonction expressive qui vise à traduire les sentiments ou la personnalité de l’individu

    Le martèlement du pied, le réajustement de la coiffure…

    •  Une fonction impressive qui vise littéralement à faire impression sur le récepteur. La gestuelle peut aussi chercher à faciliter la compréhension du message chez le récepteur en étant répondante par rapport au message verbal (effet d’appui et d’insistance), le complémenter ou le souligner pas sa divergence un sens caché (modalisation ironique).

    Un propos ironique peut être souligné par un clin d’œil ou un sourire.

    •  Une fonction phatique qui vise à amorcer une communication où à l’interrompre, mais aussi à synchroniser émetteur et récepteur : la gestuelle peut en effet générer l’accordage, non seulement gestuel (mimétisme, effet de modélisation) mais aussi affectif (sympathie ou antipathie), ou le de-accordage des acteurs de la communication.

    Les gestes de salut, les caresses, les gestes agressifs…

     

    La kinésique dans la communication

    La mise en scène de la gestuelle communicative est employée dans des situations de communication professionnelle interactive (conférences, entretiens, discours…), mais également dans les média non interactifs comme les visuels publicitaires.

    La célèbre affiche de J. Montgomery Flagg pour recruter de nouveaux soldat utilise le code gestuel (index pointé, sourcils froncés, regard direct et sévère) pour impliquer la cible. C’est en grande partie sur cette gestuelle que repose sa fonction conative.

     

    Notion de proxémique

    Définition

    La proxémique est l’étude de la manière dont les êtres vivants gèrent leurs rapports à l'espace dans les relations qu'ils ont entre eux.

    Nous possédons tous un territoire personnel que nous protégeons des atteintes extérieures. Cet espace et les objets qui s'y trouvent peuvent devenir le prolongement de notre corps physique. (Voiture, chaise, bureau etc.) L'aménagement d'une pièce, la disposition des tables affecte notre communication.

    La gestuelle est réalisée dans un espace. Cet espace est codifié. On connaît l'expression « garder ses distances ». Chacun d'entre nous marque ses distances en parlant à l'autre. En faisant une généralité, on distingue quatre zones de communication :

    •  sphère intime (de 15 cm à 45 cm : pour embrasser, chuchoter)
    •  sphère personnelle (de 45 cm à 1,2 m : pour les amis)
    •  sphère sociale (de 1,2 m à 3,6 m : pour les connaissances)
    •  sphère publique (plus de 3,6 m : pour parler devant un public ou interpeler quelqu'un) 

    Toute personne qui pénètre dans une zone qui ne lui est pas réservée commet une faute et la personne qui en est victime se sent mal à l'aise, déstabilisée, agressée.

     

    La proxémique dans la communication

    Se sentir à telle ou telle distance, pénétrer dans telle ou telle zone sont des actes de communication ou peuvent être interprété comme tels. La proxémique est un élément déterminant des interactions entre acteurs de la communication. Les notions de proxémique peuvent être utilisées dans les visuels publicitaires pour établir un rapport signifiant entre les personnages ou pour donner à ce rapport une fonction phatique et/ou conative.

    Dans cette publicité pour un savon déodorant, le code kinésique suggère la mauvaise odeur qui se dégage des aisselles de la jeune femme. La moue du monsieur montre le désagrément. De plus, on peut souligner la proxémique des deux personnages, ceux-ci sont proche, on peut donc en déduire qu’ils sont surement mari et femme.

     

    Le code vestimentaire et la présentation de soi

    Un code social

    La codification de l’usage vestimentaire par chaque société résulte de la pression sociale. Elle varie en fonction des classes socioprofessionnelles d’appartenance et des phénomènes de mode. Elle peut être plus formellement inscrite dans le cadre d’un règlement.

    Ainsi pour le même individu, la tenu vestimentaire varie en fonction des circonstances avec lesquelles elle s’accordera ou entrera en opposition.

    Préjugés et stéréotypes

    Toute interprétation de la tenue vestimentaire d’un individu se fonde sur des préjugés et des stéréotypes :

    •  Un préjugé est un jugement positif ou négatif élaboré avant une connaissance approfondie de ce sur quoi il porte. 

    Un homme en costume et en cravate est un homme sérieux

    •  Un stéréotype est une vision généralisant et simplificatrice 

    Les cols blancs (les cadres), la chemise à carreaux des bucherons…

     

    Le code vestimentaire dans la publicité

    Les publicités jouent sur le code vestimentaire pour atteindre leur cible par des procédés d’identification ou de distanciation.

     

    La présentation de soi

    La présentation de soi (concept élaboré par E. Goffman en 1950) explique que l’individu est en représentation dans une société que l’on peut considérer comme une scène de théâtre.

    L’individu joue plusieurs rôles, donnant aux autres diverses images de lui-même. La tenue vestimentaire est l’un des éléments de ce jeu.

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  • Commentaires

    1
    M.Chibre
    Mercredi 27 Octobre 2021 à 14:06
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